Face au réchauffement climatique, les métropoles poursuivent leur adaptation à l'augmentation des températures, ainsi que leurs efforts pour produire un modèle urbain résilient. En parallèle, l'innovation architecturale progresse pour concevoir des bâtiments qui accélèrent plus efficacement la décarbonation.
Aménager la ville autrement
1.
À Saint-André-lez-Lille dans les Hauts-de-France, l’ancienne friche industrielle du groupe Rhodia a été réhabilitée pour créer Quai 22, un quartier verdoyant situé à quelques encablures de Lille. En cours de construction sur les bords du canal de La Deûle, le calme de l’eau et l'omniprésence de la végétation offriront un cadre de vie apaisé à l’écart de la frénésie urbaine mais à proximité de tous les services essentiels grâce à 9 500 mètres carrés d'équipements publics et d'infrastructures de loisirs. En outre, Quai 22 est à moins d'un quart d'heure à pied ou en vélo du centre-ville de Saint-André-lez-Lille et de la gare Lille Flandres et Lille Europe. En 2023, 3 000 premiers habitants ont pris possession des dix hectares que compte le site. A terme, celui-ci comprendra 700 logements, dont 30 % d’habitats sociaux, 10 000 mètres carrés de bureaux dont une grande partie ont été construits en bois, 6 500 mètres carrés de commerces, ainsi qu'un grand parc urbain. Mélange de nature et de ville, ce projet met l'accent sur la qualité de vie pour imaginer le modèle urbain de demain.
2.
À la demande du ministère de la Transition écologique, le Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement) a imaginé la plateforme "Cartofriches" qui recense, pour la première fois, l'ensemble des friches urbaines disponibles à l'échelle du territoire national. À destination à la fois des municipalités et des porteurs de projet privés, cet outil en accès libre a pour objectif de faciliter la réhabilitation de ces surfaces inoccupées et artificialisées pour les transformer en espaces verts ou en zones d'habitation. Pour ce faire, chaque site inventorié sur la plateforme est géolocalisé, cartographié et caractérisé par une série d'informations, superficie, adresse exacte, ancienne activité, présence ou non de bâtiments… 8 300 friches ont déjà été recensées.

3.
Et si surélever les bâtiments existants permettait de répondre à la pénurie foncière tout en luttant contre l'étalement urbain ? C'est le pari que fait la métropole de Lyon dont le Plan Local d'Urbanisme prévoit l'augmentation en hauteur de 35 immeubles d'habitations afin de créer 250 nouveaux logements sociaux. Et ça marche. À Saint-Didier-au-Mont d'Or, la surface habitable d'un immeuble HLM a ainsi été multipliée par deux en rajoutant deux étages supplémentaires en bois. Une méthode de construction qui est facile à mettre en œuvre, peu coûteuse et peu polluante, et qui pourrait permettre d'accroître considérablement le nombre de mètres carrés disponibles dans les grandes agglomérations.
4.
Comment faire rimer aménagement urbain durable et décarbonation des bâtiments ? Pour relever ce défi, l’Association BBCA a imaginé le premier label qui mesure les pratiques exemplaires bas carbone à l'échelle d'un quartier. Ce nouvel outil, baptisé BBCA Quartier, permet aux urbanistes et aux collectivités de dézoomer et de ne pas se concentrer uniquement sur les bâtiments. Il prend en compte aussi bien l’évolution des techniques constructives, que l'électrification des véhicules, la sobriété des réseaux d’énergie, la transformation des usages et des habitudes de consommation. En mettant en relation les acteurs de la chaîne de l’aménagement et de la construction, il permet de prendre de meilleures décisions et d'activer les bons leviers de décarbonation autour d’une ambition commune de baisse des émissions.
Pousser toujours plus loin l'innovation architecturale
5.
C'est un projet novateur qui préfigure la ville sobre et durable de demain. Le Village des Athlètes, qui accueillera sur un site de 52 hectares à cheval entre Saint-Denis, l’ile Saint-Denis et Saint-Ouen les 2 500 sportifs qui participeront aux Jeux Olympiques en 2024, a été pensé pour être à 100 % recyclable. Lorsque les compétitions seront terminées, les bâtiments et les infrastructures éphémères construites pour les Jeux laisseront place à un vaste complexe comprenant des immeubles d'habitation, des bureaux, des écoles et des commerces. Pour parvenir à ce résultat, un système de permis de construire à double détente incluant une fonction provisoire et une fonction long terme a été mis en place, ce qui a permis aux architectes de planifier la réutilisation de l'existant. Pour éviter toute pollution, le nouveau complexe sera entièrement bâti à partir de l'ancien.

6.
À La Garenne-Colombes, près de Paris, le nouveau siège d'Engie, actuellement en construction, se pose en exemple d’une transition énergétique réussie. Construit sur une friche qui était à 100 % artificialisée et qui a longtemps été occupée par des usines du groupe Peugeot, ce bâtiment de sept étages sera entièrement alimenté par des énergies renouvelables grâce à un réseau de géothermie couvrant l’ensemble du site et à un important parc photovoltaïque. Pour répondre aux impératifs de la Stratégie Nationale Bas Carbone, il a été pensé pour être intégralement neutre en émissions de CO₂. En complément, les 6 300 collaborateurs d'Engie qui viendront occuper ce nouveau siège en 2024 pourront profiter de terrasses végétalisées, d'un vaste îlot de nature de plus de 5 hectares, ainsi que de nombreux équipements publics, crèche, salle de sport, commerces, restaurants… Ce projet démontre qu'il est possible de construire des bureaux en offrant à ceux et celles qui y travaillent un cadre de vie apaisé, désartificialisé et décarboné.
7.
Du côté de Lyon, dans le quartier de la Confluence, Essentiel entrera en service en 2025. L’immeuble de bureaux garantira à ses occupants une température comprise entre 22 et 26° toute l'année, tout en ne consommant pas plus de 2 kWh par m² et par an. Sans chauffage, ni climatisation. Un record de sobriété. Ce progrès notable vers un modèle constructif décarboné et frugal a été rendu possible par une enveloppe externe super performante composée d'une double rangée de briques de 30 cm d'épaisseur avec isolation en fibre de bois, de même que par le triple vitrage appliqué à toutes les fenêtres. L'inertie thermique permet ainsi d'emprisonner la chaleur produite par l'activité humaine, notamment par l'utilisation des appareils électriques et électroniques, tandis que la très forte qualité d’isolation des parois et des murs évite toute variation de température. En complément, un logiciel régulera au plus juste la consommation énergétique pour éviter la moindre déperdition.
8.
Outre-Atlantique, une équipe de chercheurs du DART Laboratory (Digital Architecture Research Technologies) de l'Université du Michigan a inventé une technique d'impression 3D baptisée Shell Wall, qui réduit de 72 % le poids des murs en béton sans perte de résistance structurelle. Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs commencent par imprimer des couches de béton qui vont former une coque ultra-résistante, puis ils renforcent la structure de l'intérieur avec des barres de soutien. Le processus est entièrement guidé par une modélisation informatique du mur à imprimer afin que chaque couche soit parfaitement ajustée. Dans un avenir proche, cette solution innovante pourrait permettre de construire des immeubles en béton nettement moins polluants.