Et demain, une éducation (ou)verte ?
En aurait-on fini avec les classes fermées et les établissements à l’abri des regards ? Et demain, la nature reprendra ses droits, et jusque dans les écoles ! Mieux, on ira à elle, pour l'étudier, la comprendre et la protéger…
"Notre maison brûle et nous regardons ailleurs", voici la grille du nouvel établissement scolaire de Castelnau-le-Lez qui annonce la couleur (verte, donc) ! Ici, au nouveau groupe scolaire Jacques Chirac, on trouve des matériaux locaux en bois, des ossatures en paille de riz de Camargue, des classes modulables et des espaces verts, beaucoup d’espaces verts. Les cours de récréation seront ainsi ouvertes au public pendant les vacances, tout comme le gymnase. L’école de demain, ne sera pas seulement verte, elle sera aussi probablement ouverte (sur sa ville, ses voisins, ses acteurs locaux…) !

Aucune master class ne pourra rivaliser avec la nature, imprévisible et généreuse ! Aux États-Unis, la pandémie a fait chuter les inscriptions dans de nombreux programmes universitaires traditionnels. Et devinez qui s’en sort dans ce marasme ? Les écoles qui proposent des cours en plein air ! Comme Outward Bound (réseau international d'organisations d'éducation en plein air qui a été fondé au Royaume-Uni par Lawrence Holt et Kurt Hahn en 1941) qui connaît des records d’inscription pour ses cours. Agriculture régénérative, pêche à la mouche, aides aux associations… qui font partie des cours et qui séduisent les étudiants et leurs parents, feront-ils, demain, leur place aux côtés des cours de management et de vente ?
Et demain, une éducation toujours plus décentralisée ?
Et demain, l’école partout ? Face à la pandémie, des solutions émergent pour continuer à apprendre de la maison. Résolument digitales, plus spontanées ou bien inspirées de pratiques anciennes, elles nous donnent des pistes sur ce que pourrait être l’éducation demain…
Les écoles sont fermées ? Qu’à cela ne tienne ! Toujours aux États-Unis, certains parents ont pris les devants en créant des micro-écoles. Le New York Times parle de la « plus grande expérience d’innovation pédagogique » de l’histoire. Comment ça marche ? On crée des modules d’apprentissages pour compléter les programmes d’histoire de l’école grâce à un enseignant à la retraite. Le prof de gym local, lui, dispense des cours dans un garage, par exemple, moyennant quelques dollars. Une ONG s’occupe de payer pour les enfants qui n’y auraient pas accès faute de moyens. Des Edtech se multiplient en ce moment pour soutenir le développement de ces micro-écoles. On s’entraîne et s’entraide sur la page Facebook Pandemic Pods, qui compte plus de 40 000 membres. « Des parents demandent si cela sera encore disponible l’année prochaine », rapporte le quotidien. Bref, nous on va suivre l’évolution de ces pods schools…

C’était une question de temps avant que Tik Tok ne se penche sérieusement sur les contenus éducatifs à l’heure de la pandémie. C’est chose faite avec un nouvel onglet sorti du chapeau du réseau social chinois qui compte aujourd’hui 800 millions d’utilisateurs actifs dans le monde. Son nom ? « #LearnOnTikTok », l’endroit pour découvrir des vidéos pratiques et informatives. « La société veut cultiver l’image d’une plateforme incontournable, pas seulement pour se divertir, mais aussi pour apprendre des choses plus sérieuses », rapporte Tech Crunch. On n’allait pas laisser tout le gâteau à YouTube, là aussi, soyons sérieux !
Apprendre l’anglais sur Netflix, c’est bien, apprendre en conversant avec une personne dont c’est la langue maternelle ou qui la maîtrise parfaitement, c’est mieux ! C’est aussi le modèle économique de Cambly qui commence à se faire remarquer dans le monde des Edtech. Le principe n’est pas nouveau, seul le format a été réinventé pour se décliner « à la demande » : réservez un cours et en moins de cinq secondes, un tuteur à l’autre bout du monde vous entraîne par la discussion. Cambly a même pensé aux enfants avec une section et des professeurs spécifiques.

Et demain, une éducation plus inclusive ?
Qu’on se le dise, rater ses études, ce n’est pas forcément rater sa vie. Mais comment faire des études un moyen sûr de réussir sa vie ? En les rendant plus inclusives et plus adaptées à la réalité de la vie des jeunes, par exemple ?
Revenons dans l’Hexagone, à Toulouse avec l’École de la Transition Écologique. Le pitch ? Il s’agit d’une école pensée pour les décrocheurs scolaires qui propose de les réconcilier avec l’apprentissage en combinant activités manuelles, cours classiques et projet professionnel. L’initiative s’inscrit dans l’objectif d’aider les NEETS (pour « Not in Education, Employment or Training). Vous savez, ces jeunes de moins de 29 ans qu’on décrit sans emploi, sans études et sans formations... Ils représentent presque 15% des 15-29 ans, selon Eurofound. Et demain, l’école buissonnière aura du sens et sera même diplômante 😉

Dans le futur, l’école sera le nouveau territoire qui prendra en compte (et soin de) la santé mentale ? Comme aujourd’hui, dans plusieurs états américains ? Tandis que le sujet explose et se démocratise sur les réseaux sociaux, le Minnesota et l’Utah permettent aux étudiants de s’absenter pour cause de stress, dépression ou anxiété. En Oregon, les élèves peuvent poser 5 jours tous les trois mois. « C’est dur d’avoir 20 ans en 2020 », disait récemment le président Macron. De quoi considérer ce besoin dans nos écoles ?
Le Rajasthan est l'un des États les plus conservateurs de l’Inde, où près de la moitié des filles et des femmes âgées de plus de cinq ans n’ont jamais reçu d’éducation formelle. C’est là-bas qu’une nouvelle école pour filles issues de milieux modestes a vu le jour récemment. Michael Daube, artiste et fondateur de la fondation Citta (à la suite d’une rencontre avec Mère Theresa et le Dalaï Lama) a décidé de construire une école pour filles mais avec un centre de développement économique pour les mamans : « L'école comptera également des artisans qui transmettront des compétences de tissage et d'impression aux mères des élèves, aux sœurs aînées et aux tantes, qui souhaitent gagner leur vie ». Et demain, les écoles dépasseront les freins économiques pour offrir à tous et à toutes une chance d’apprendre…

Et demain, une éducation numérique qui ne perd pas le sens de l’humain
Sans surprise, la pandémie accélère un peu plus le tournant numérique de l’éducation. Certains craignent que le numérique et les écrans finissent par désincarner la mission de l’enseignement. Et pourtant…
Qui a dit qu’il fallait être collé à son clavier pour apprendre à coder ? Certainement pas Amélia Matar. La jeune entrepreneuse, passionnée par les nouvelles technologies, s’est inspirée de la célèbre pédagogie Montessori pour initier les plus jeunes aux arcanes du code et des algorithmes… le tout sans écran ! La méthode Colori propose ainsi des ateliers pour les enfants entre trois et six ans, afin de les initier au code, comme on le ferait finalement de n’importe quel autre langage, mais aussi d’aiguiser leurs aptitudes logiques et de développer leur autonomie. Le tout, avec la bienveillance et l’inclusion comme mots d’ordre.
Passeport, le fameux cahier de vacances (que beaucoup d’enfants s’amusaient à oublier à la maison avant le grand départ), vous vous souvenez ? PowerZ entend le remplacer par un univers virtuel qui se veut être aussi addictif qu’un jeu vidéo ! Et que trouve-t-on sur la plateforme de la startup française ? Des mathématiques, de la poésie, du langage des signes, de la programmation de code ou encore des contenus sur la botanique…. Bref, l’idée est que chaque enfant trouve ses passions de façon immersive et amusante. En bonus ? Une IA qui suit les progrès de chaque enfant… De quoi faire de l’ombre à cet indispensable des étés depuis 1930 ?

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