Demain, les mobilités du quotidien seront justes et décarbonées, ou ne seront pas. Des filières qui se structurent autour de l’électrique, des usages qui font la part belle à l’inclusion, un peu de gamification et peut-être même des balades dans le métavers… On vous embarque dans ce grand tour multimodal, garanti sans rupture de charge.
Les entreprises françaises investissent les mobilités électriques
Électrique signifie-t-il forcément durable ? Car c’est bien le point faible des batteries qui motorisent nombre de nos micromobilités modernes : leur cycle de vie. Aujourd’hui chères et difficilement réparables, comment sortir les batteries de l’obsolescence pour les convertir à la circularité ? Gouach s’y attelle avec l’énergie propre aux jeunes pousses, et le sens de l’innovation de rupture, en proposant une batterie éco-conçue, fabriquée en France et réparable en moins de dix minutes… Cette startup bordelaise a levé 3,3 millions d’euros pour accélérer son développement.
Comme son nom ne l’indique pas, Pink Mobility est une entreprise française, fondée en 2016 par Ghislain Lestienne, un ancien de PSA-Peugeot Citroen. Signe particulier ? Non contente de concevoir et de commercialiser des scooters électriques à destination des professionnels et des particuliers, Pink Mobility assemble ses engins sur sa propre ligne de production dans les Yvelines. Dans un marché en plein essor (+ 40 % en trois ans), la marque se hisse à la troisième marche des plus vendues en France. « On crée de l’emploi et on montre que c’est viable », déclare l’entrepreneur au Parisien.

Autre concept qui réconcilie mobilité et circularité : le rétrofit. Cet exercice consiste à transformer un véhicule thermique en sa version électrique. Les avantages sont évidents : embarquer tous les bénéfices de l’électrique dans une structure encore capable de rouler, à un prix plus abordable qu’une voiture électrique neuve, notamment grâce aux aides publiques. Parmi les entreprises françaises qui investissent ce créneau, citons Transition One ou Phoenix Mobility, sur le segment utilitaire et véhicules professionnels. Avis aux amoureux de la conduite, on nous dit que la puissance du moteur et le comportement routier demeurent…
Des usages en pleine réinvention
Et si, à la façon des Miles octroyées par les compagnies aériennes à leurs passagers les plus réguliers, on mettait la « loyalty » au service des mobilités durables ? C’est le pari fait par Rob ou Transway. Plutôt que d’encourager à brûler du kérosène, ces entreprises françaises développent des programmes de fidélité pour encourager l’adoption de transports décarbonés. Vélo, trottinette, métro, covoiturage, etc. À chaque trajet, on cumule des points à échanger en cadeaux, avantages chez les commerçants partenaires, ou dons à des associations, selon les acteurs.

La sobriété, c’est bien joli, mais parfois on ne peut pas faire autrement que de se déplacer. Et en France, où les communes de faible densité couvrent 90 % du territoire et accueillent un tiers des habitants, cela veut dire prendre la voiture. Sans parler des frais engendrés par celle-ci, exacerbés par la hausse du prix de l’énergie. Pour apporter des solutions à ces mobilités contraintes, et par la même occasion, réduire la fracture numérique, l’État décline désormais le concept de « Maisons France Services » en version itinérante… Cette année, une centaine de bus devraient sillonner le pays pour accompagner les citoyens dans leurs démarches administratives.
Toujours pour apporter une alternative crédible à l’autosolisme, les initiatives pour favoriser la mobilité partagée se multiplient. Après un coup de mou dû à la pandémie, celle-ci reprend son élan, aussi portée par la hausse du prix des carburants. À Grenoble, le covoiturage fait même l’objet d’une voie de circulation dédiée sur l’autoroute A48 – une première en France – qui se déclenche quand le trafic s’intensifie. On aime aussi Mobicoop, qui apporte une dimension solidaire à l’exercice. Pour cette SCIC (société coopérative d’intérêt collectif) aux 1000 sociétaires, basée à Nancy, il s’agit de proposer un service sans commission, gratuit ou à prix réduit, accessible sur son app ou par téléphone, pour ceux qui le préfèrent.

Et la mobilité d’après-demain ?
Le métavers : comme tous les pans de l’activité humaine, la mobilité n’échappe pas à la hype autour du monde virtuel persistant… Le voyage immobile constituerait-il l’une des nouvelles formes de « démobilité » ? Même si le numérique est loin d’afficher un bilan exemplaire en termes d’impact, jetons un œil sur ces visions qui jouent la carte « Turfu » …
Du côté de Hyundai, par exemple, on donne sans complexe dans la « metamobilité » où les robots (rappelons que le constructeur sud-coréen a racheté Boston Dynamics) faciliteraient nos déplacements dans ces nouveaux espaces numériques… Un concept présenté au CES, et peut-être encore un peu « sci-fi » pour s’y projeter aisément. Mais la réalité virtuelle ne sert pas qu’à frimer à Las Vegas… Chez Reality Academy, on l’utilise pour sensibiliser au risque routier, avec la solution Mobility VR, tandis que chez l’opérateur Transdev, elle sert à recruter et former des conducteurs.